Alexandre Calame (1810-1864) est l’un des plus grands peintres paysagistes de la période romantique. Pour éclairer les raisons de son succès (riches bourgeois et têtes couronnées de son temps formaient sa clientèle), cet ouvrage suit un parcours thématique à travers les oeuvres principales de l’artiste. On découvre ainsi comment celui-ci s’est forgé, par un travail acharné et la maîtrise des techniques de «reproduction» picturale, un langage original combinant à la fois la science de l’observation et la traduction des émotions suscitées par la contemplation de la nature.

L’effet produit par ses toiles (pour beaucoup de grand format) est toujours saisissant, que ce soit dans les atmosphères sereines ou tourmentées – et les amateurs de l’époque aimaient à juxtaposer, par exemple une «idylle lacustre» et «un orage dans les montagnes» pour le sublime qu’une telle tension entre deux pôles permettait d’atteindre. Calame a su exploiter ce goût pour des paysages pouvant refléter les sentiments et les passions humaines; et en allant chercher toujours plus haut (en altitude, mais aussi dans le raffinement de son art) les motifs les mieux adaptés à sa palette expressive, il a contribué à faire des Alpes, tant dans leur «zone supérieure» (voir la série de «Mont Rose» qu’il a réalisée) que dans la variété de leurs composantes paysagères (arbres, lacs, vallons, précipices, torrents, cascades, etc.) et climatiques, le grand livre à la mode où se projetait le coeur de l’homme.