Hans Bellmer
(1902, Katowice -1975, Paris)
Encadré d’une mère aimante et d’un père autoritaire, Hans se construit très tôt un univers intime lui permettant de se réfugier dans le merveilleux et les plaisirs secrets, alimentés par la proximité de sa jeune cousine Ursula. Sur injonction paternelle, il ira travailler dans des mines de charbon, puis sera inscrit à la Technische Hochschule de Berlin pour apprendre le métier d’ingénieur – qui lui répugne. Il en gardera une parfaite maîtrise du crayon. Diverses rencontres, dont celle de sa future épouse (avec laquelle il ouvrira une agence de dessin publicitaire), la découverte de Coppelia (la poupée héroïne du conte d’Hoffmann), l’amènent peu à peu à mettre en œuvre un art personnel qui aboutit à la création de sa Poupée, révélée en France par la revue Minotaure (No 6, 1934). Fuyant le nazisme dès 1938, il connaît une succession de difficultés (tempérées par la naissance de sa fille, issue d’un second mariage), puis le succès, le bonheur d’une rencontre avec Unica Zürn, enfin la douleur et la maladie.
L'œuvre de Bellmer, peintre, photographe, graveur, dessinateur et sculpteur est une affirmation poétique du surréalisme dans ce qu'il a de plus pur. La relative proximité qu'entretiennent les photographies de la Poupée avec l'Unheimliche freudien place cette œuvre à la frontière entre l'érotisme et la mort, entre l'animé et l'inanimé. Le corps de la poupée, mais aussi les dessins et les gravures expriment des univers oniriques dans lesquels la conciliation des contraires est possible, conformément au Manifeste du surréalisme de Breton. Bellmer illustrera aussi le Marquis de Sade, Georges Bataille, Lautréamont etc.